Anxiété et activité cérébrale : qu’est-ce qu’il se passe dans mon cerveau ?

Anxiété et activité cérébrale .

L’anxiété est une réponse complexe qui fait partie de notre système de survie. Elle est le résultat d’une combinaison de mécanismes cognitifs, biologiques et comportementaux qui nous préparent à faire face à une menace perçue. Mais qu’est-ce qui se passe réellement dans notre cerveau lorsque l’anxiété s’empare de nous ? Nous allons ici expliquer les processus cognitifs et cérébraux qui sous-tendent l’anxiété, ainsi que les biais  qui peuvent l’aggraver.

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Anxiété et activité cérébrale

1-L'amygdale donne l'alerte

L’amygdale est souvent décrite comme le centre de la peur et de l’anxiété dans le cerveau. Située au cœur du système limbique, elle joue un rôle crucial dans la détection des menaces. Lorsqu’un stimulus potentiellement dangereux est perçu (ex : un bruit soudain, une pensée angoissante), l’amygdale s’active. Dès lors elle envoie des signaux au reste du cerveau pour préparer une réponse immédiate. Cette activation déclenche la « réaction de combat ou de fuite », qui prépare le corps à se défendre ou à fuir la menace.
Dans les troubles anxieux, l’amygdale est souvent hyperactive, réagissant de manière excessive même à des situations qui ne représentent pas de danger réel. Cette suractivation conduit à une augmentation des sensations physiques telles que la tension musculaire, l’accélération du rythme cardiaque et une respiration plus rapide.

2-Le cortex préfrontal perd du terrain

En temps normal, le cortex préfrontal (CPF) joue un rôle de régulateur en modérant l’activité de l’amygdale. Il est responsable des fonctions exécutives telles que la prise de décision, la régulation des émotions et la planification. Il analyse les informations reçues et évalue si la menace perçue est réelle ou non.
Cependant, lorsque nous sommes anxieux, cette communication entre le cortex préfrontal et l’amygdale est souvent déséquilibrée. L’amygdale domine, et le cortex préfrontal a du mal à calmer l’alarme interne. C’est pourquoi, même si la raison nous dit que la situation est sans danger (comme parler en public ou monter dans un avion), l’anxiété persiste.

3-Focalisation excessive sur le danger : le biais attentionnel

L’anxiété est alimentée par certains biais cognitifs, notamment le biais attentionnel. Ce biais nous pousse à accorder plus d’attention aux menaces potentielles qu’aux signaux rassurants. Par exemple, dans une pièce pleine de monde, une personne anxieuse sera plus susceptible de remarquer des signes de désapprobation ou de danger, même s’ils sont insignifiants ou inexistants. Ce biais crée un cercle vicieux : plus vous focalisez sur ce qui pourrait mal tourner, plus l’anxiété augmente.

4-Les distorsions cognitives nous jouent des tours

Les distorsions cognitives sont des pensées irrationnelles qui renforcent l’anxiété. Parmi les plus courantes, on trouve la catastrophisation (imaginer le pire scénario possible), la pensée dichotomique (voir les choses en noir ou blanc), et la généralisation excessive (tirer des conclusions globales à partir d’un seul événement). Ces pensées dysfonctionnelles amplifient les réactions anxieuses et solidifient l’idée que le monde est plus dangereux qu’il ne l’est en réalité.

5-La mémoire émotionnelle ancrée dans le passée

L’amygdale et l’hippocampe travaillent en étroite collaboration pour stocker les souvenirs émotionnels. L’hippocampe enregistre le contexte dans lequel l’émotion a été ressentie. Si une situation passée a été vécue comme traumatisante ou stressante, l’hippocampe et l’amygdale s’associent pour déclencher une réponse anxieuse similaire à l’avenir, même si les circonstances ne sont plus les mêmes.
Par exemple, une personne ayant eu une expérience négative en parlant en public peut réagir avec une forte anxiété dans des situations similaires, car son cerveau associe cette expérience passée à un danger.

6-La neurochimie et le rôle des neurotransmetteurs

Enfin, les neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine et le GABA jouent un rôle central dans la régulation de l’humeur et des réponses à l’anxiété. Une faible disponibilité de sérotonine ou un déséquilibre dans ces systèmes peut contribuer à l’apparition de troubles anxieux. C’est d’ailleurs pour cela que les traitements pharmacologiques de l’anxiété visent souvent à rétablir cet équilibre chimique.

Grâce à ce que nous venons de voir, nous ne pouvons nier le lien qui uni anxiété et activité cérébrale. L’anxiété n’est pas seulement une sensation ; c’est une réponse profondément ancrée dans notre biologie et nos schémas cognitifs. En comprenant comment l’amygdale, le cortex préfrontal, les biais cognitifs et la mémoire travaillent ensemble pour créer et maintenir l’anxiété, nous pouvons mieux identifier les mécanismes à l’œuvre et apprendre à les réguler. Des techniques comme la thérapie, la méditation et les exercices de respiration visent justement à rétablir cet équilibre en renforçant le contrôle du cortex préfrontal et en modifiant les schémas de pensée négatifs. En déchiffrant les processus complexes derrière l’anxiété, nous pouvons non seulement améliorer notre compréhension, mais aussi développer des stratégies plus efficaces pour la gérer au quotidien.

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